Soumis par Pierre Degand le ven, 02/11/2018 - 11:02

Contrairement aux idées reçues, les retraités sont loin d’être les seuls à pratiquer le bénévolat. Ce dernier peut revêtir différentes formes. Enfin, votre profil de travailleur et de retraité va influencer votre profil de bénévole.

Qui sont ces 1.800.000 bénévoles en Belgique ? (1)

20% de la population soit 1.800.000 belges font du bénévolat. Parmi eux, 1.116.000 le font dans le cadre d’une association. Ils représentent 130.000 ETP. Le profil type d’un bénévole correspond à un homme et une femme de 50 ans. Ils ont un travail, sont diplômés de l’enseignement supérieur et sont actifs dans le socio culturel.

Un volontaire preste en moyenne 4 heures par semaine. Un volontaire sur deux effectue quelques prestations par an ; l’autre moitié des prestations hebdomadaires (20%)  et mensuelles (25%).

Seulement 2,1% des bénévoles sont actifs au quotidien.   Le temps consacré dépend évidemment du type de fonction (dirigeante, administrative, etc…) Les étudiants et les retraités consacrent plus de temps. Les hommes consacrent aussi plus de temps que les femmes.  Le taux de bénévolat s’élève en même temps que le niveau de formation. La majorité des bénévoles ont un emploi.

Les hommes et les femmes ont leur préférence en matière de secteur d’activité. Si les hommes sont plus présents dans le sport, les femmes se tournent plus volontiers vers l’éducation, les services sociaux, les organisations de défense des droits.   Contrairement aux idées reçues, il y a autant d’hommes que de femmes dans le domaine de la santé. Il en va de même dans la culture et dans les mouvements de jeunesse.

Ce sont les fonctionnaires qui pratiquent le plus le bénévolat suivis par les indépendants, les ouvriers et employés du secteur privé sont en troisième position.

 

Il n’ y a pas d’âge pour faire du bénévolat.

Contrairement aux idées reçues les retraités ne constituent pas la population de référence. Si l’on observe le taux de bénévolat par tranche d’âge, on constat même une diminution de l’engagement bénévole après 50 ans.  Dès l’âge de 15 ans, on observe une augmentation progressive du taux de bénévolat  avec un pic pour la tranche d’âge 40-49 ans. La diminution du taux de bénévolat chez les 60+ peut s’expliquer par la génération sandwich et donc par les nombreuses sollicitations dont ils font preuve de la part de leur entourage.

Etant donné le poids des 60+ dans la population, les plus de 60 ans constituent le groupe le plus nombreux, les jeunes constituent la deuxième population. Les 60+ prestent plus d’heures que les autres tranches d’âge et enfin ils occupent souvent des postes de direction.

 

Avoir du cœur c’est bon pour la santé !

Le bénévolat est utile pour la société et l’est tout autant pour le bénévole. Des études américaines et canadiennes ont démontré  l’existence d’un lien direct entre la pratique d’une activité bénévole et l’amélioration du bien-être physique et psychologique.  Chez les seniors en particulier, les bénévoles auraient un taux de mortalité et de dépression plus faible et de meilleures capacités fonctionnelles.  Faire du bénévolat permet à un retraité de se sentir utile, mais aussi de sortir de chez lui, de rencontrer de nouvelles personnes, de s’épanouir dans de nouveaux projets. Une étude suisse a démontré que les personnes professionnellement actives engagées dans le bénévolat, jouissent aussi d’une meilleure santé que les autres travailleurs et sont plus satisfaites de l’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle.

 

Etes-vous bénévole de type post-it ou timbre ?

Le bénévolat a évolué depuis les années 80 d’un bénévolat timbre vers un bénévolat post it.

Le volontariat classique s’illustre parfaitement avec l’image d’un timbre que l’on vient coller sur une carte d’adhérent à l’instar d’une carte de parti politique ou de syndicat. On adhère à fond dans une cause, c’est ce qu’on appelle l’engagement militant. Il y a quelques années cet engagement militant pouvait se transmettre d’une génération à l’autre. On se porte disponible pour telle ou telle cause ou association. C’est la cause défendue et/ou le but de cette association qui primait sur les bienfaits, le sens que l’on pouvait retirer du bénévolat dans lequel on s’engageait.

Le nouveau type de bénévolat s’appelle le bénévolat post-it: tout comme le timbre, on vient « coller » son post-it dans une association avec la différence que ce post-it mentionne ce que l’on attend du bénévolat. On vient coller son post-it pour un temps défini. Quand ce temps est passé ou que l’association  ne répond plus à nos attentes, nous allons le coller ailleurs.

 

Le profil de travailleur et plus tard le profil de retraité influencent le profil de bénévole

La majorité des bénévoles ont un  travail. Tout le monde n’est pas organisé de la même manière au travail. Le type d’organisation au travail influence le type de bénévolat et on va le voir plus loin, peut aussi influencer plus tard votre profil de retraité. On peut grosso modo distinguer deux profils. Les personnes qui cloisonnent parfaitement leur vie privée  et leur vie professionnelle d’une part et d’autre part, les personnes pour lesquelles le travail est central dans la vie. En ce qui concerne le premier groupe, équilibre travail et privé ne signifie pas nécessairement  que les membres de ce groupe sont peu investis dans leur travail, certainement pas. Ils ont développé des capacités à donner du sens dans leurs activités professionnelles ou extra professionnelles. C’est la raison pour laquelle ils ont un profil post-it. Pour l’autre groupe, le travail est central et impose ses contraintes. Ces travailleurs ne pratiquent pas ou peu de bénévolat ou alors un bénévolat principalement de type timbre. En effet, ce bénévole n’est pas vraiment à la recherche de sens dans ce type d’activité puisque le travail l’absorbe beaucoup. Ces deux profils de travailleurs ont une manière différente d’aborder la retraite. Le premier groupe est plus serein tandis que pour le deuxième groupe, cette future transition est plus anxiogène. Une bonne préparation à la retraite permettra à ces personnes inquiètes d’évoluer vers un bénévolat de type post-it.

 

En conclusion, le bénévolat c’est bon pour la santé et on peut le pratiquer à la carte. Contrairement aux idées reçues, toutes les classes d’âge s’investissent dans le bénévolat ; en d’autres mots, c’est aussi une activité intergénérationnelle. Enfin, c’est trop souvent méconnu,  Le bénévolat est aussi un bon moyen de développer de nouvelles compétences dans le cadre par exemple d’une réorientation professionnelle.

 

 

Pierre Degand

www.reseausequoia.be

 

 

 

 

  1. Fondation Roi Baudouin,  « le volontariat en Belgique, chiffres clés et analyse » octobre 2015.