Orientations dans la carrière, quelles conséquences pour la future retraite ?

Soumis par Pierre Degand le mer, 16/12/2015 - 17:38
Orientations dans la carrière, quelles conséquences pour la future retraite ?

Les décisions prises en cours de carrière ne  sont pratiquement jamais motivées par le montant de la future retraite. Pourtant, elles ont un impact direct sur cette dernière. Chaque fois que l’on décide de moins travailler, cela impacte bien évidemment la pension. Cependant, les conséquences sur son montant diffèrent en fonction du dispositif choisi.

Les Belges pensent peu et tardivement à leur retraite

Fediplus(1) dans son enquête « pension et fin de carrière » réalisée par InSites Consulting démontre une fois de plus que le Belge se soucie peu de sa retraite, et en tout cas, s’y prend tard. Deux Belges sur trois y pensent sérieusement quand ils reçoivent le courrier de l’ONP ou quand l’employeur évoque le passage à la pension. Les changements législatifs sont quant-à eux une source importante d’inquiétude chez 2 Belges sur 3.

Les compléments à la pension, la solution  à la faiblesse du premier pilier ?

Théo Baeke, Président de Fediplus interrogé dans le Trends du 20 août 2015, tire la sonnette d’alarme. Trop de Belges s’imaginent que la pension complémentaire constituée par l’intermédiaire de leur employeur viendra combler le déficit du premier pilier. En 2013, 14.000 salariés belges ont touché leur capital pension. Le montant moyen s’élève à 9.314 euros. Ce montant moyen cache de fortes disparités entre les bénéficiaires et est, pour une grande partie de ces derniers, bien insuffisant. Cette constatation prouve une fois de plus qu’il est important d’exploiter au maximum les  dispositifs de compléments à la pension que propose le marché.

Crédit-temps, mi-temps, chômage, quel impact sur le montant de la retraite ?

Optimiser les piliers 2 et 3 voire 4, est devenu incontournable. Cependant, il est tout aussi important de prendre en compte les orientations de carrière et leurs impacts sur le premier pilier : la pension légale. Force est de constater que peu de personnes y pensent. A leur décharge, les conséquences de ces décisions sur la pension sont complexes. C’est ici que Fediplus peut aider ses membres dans le calcul de l’incidence, par exemple, d’une interruption de carrière.

Dans le même article du Trends, Fediplus passe en revue différents exemples concrets d’interruption de carrière, de diminution du temps de travail. Je vous propose de les passer en revue.

Ces exemples se basent sur Marie, employée. Elle travaille à temps plein depuis le 1er octobre 2005, année de ses 22 ans. Pour Marie, l’âge de la pension légale est de 67 ans. Son salaire mensuel brut aura évolué dans le temps de 2500 euros à 3200 euros. Marie vit seule, elle a constitué après 10 ans des droits de pensions d’une valeur de 363,63 euros bruts par mois; chaque année supplémentaire de travail ajoutera 42,66 euros bruts. A l’avenir, en fonction de sa situation familiale, Marie va payer une cotisation de solidarité de 0 à 2%, une cotisation AMI pour l’assurance maladie et invalidité et un précompte professionnel.

Situation « classique » Marie prend sa pension à 67 ans.
Après 45 ans de carrière, sa pension mensuelle brute s’élèvera à 1878,29 euros. Comme le souligne Théo Baeke, c’est bien plus que la pension moyenne de 1031 euros par personne que l’on observe en Belgique.

Marie prend sa pension à 63 ans.
Elle pourra prendra sa pension à 63 ans et 10 mois après 42 ans de carrière. Elle touchera une pension de 1743, 18 euros soit 135,11 euros en moins que la pension à 67 ans.

Marie prend un crédit-temps à mi-temps  à partir de 60 ans jusque 67 ans.
Sa pension s’élève à 1838,46 euros bruts soit 40 euros de moins que la pension « classique ».

Marie passe à mi-temps pendant 10 ans.
Sa pension s’élève à 1664,96 euros soit 213,33 euros de moins que la pension classique jusque 67 ans.

Marie est au chômage pendant 10 ans et retrouve un salaire identique.
Sa pension s’élève à 1772,07 euros soit 106,22 euros de moins que la pension classique.

Marie est licenciée et tombe en régime de chômage avec complément d’entreprise  (RCC, ex-prépension)
A la fin de son préavis, Marie satisfait aux conditions de RCC qu’elle intègre à 62 ans avec une carrière de 40 ans. Sa pension légale ne va pas changer, mais, elle touchera jusqu’à ses 67 ans une prépension mensuelle de 1604 euros bruts soit une perte de 274 euros bruts par mois.

Et si Marie avait une carrière mixte ?
Elle a travaillé 15 ans comme employée (3200 euros/bruts par mois) ensuite 20 années comme indépendante avec un revenu annuel de 45.000 euros assujettis aux cotisations sociales. Elle termine sa carrière comme employée pendant 10 ans. Marie recevra donc deux pensions pour un total de 1650,84 euros bruts dont 625,88 euros comme indépendante.

Cet exemple chiffré illustre parfaitement les impacts différents sur la pension des diverses possibilités de diminuer le temps de travail. L’exemple est frappant entre le crédit-temps à mi-temps et la réduction du temps de travail à mi-temps. Cela vient du fait qu’une partie du crédit-temps est assimilée au temps de travail.  Ne sous-estimez donc pas l’impact de vos choix sur la pension légale même si cette dernière ne sera pas l’unique source de revenu à la retraite

Pierre Degand
Sequoia Ways

 

(1) Fediplus est la fédération des pensionnés et des prépensionnés. Fediplus conseille ses membres en matière de pension mais aussi de choix de carrière. Elle épaule ses membres dans la rédaction du dossier retraite. Fediplus propose aussi des formations à destination des employeurs. Enfin, Fediplus joue un rôle important en matière de lobbying.
 

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